Évolutions du matériel de vol libre, le cas du parapente…

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Voler avec un fer à repasser sur la tête ? Non merci !

Quelques mots sur l’évolution du matériel de parapente…

Les parapentistes débutants entendent régulièrement les pilotes expérimentés parler de leurs voiles de l’époque. Les dinosaures du milieu du vol libre utilisent aisément l’expression de « fer à repasser » pour caractériser affectivement les capacités de plané, et de finesse, de ces ailes dignes d’un autre siècle…
Il est donc naturel d’avoir une forme d’admiration pour les anciens rencontrés sur les nombreux sites de vol libre. L’apprentissage du parapente en 2018 n’a rien à voir avec les années 80 ou 90 ! Et comme l’expression l’indique si bien, un bon pilote est un vieux pilote !
J’utilise quelques termes techniques que je ne souhaite pas développer ici. Si vous souhaitez creuser le sujet, il existe de nombreuses ressources sur le web, dont quelques-unes citées en bas de cet article.

La finesse, c’est quoi au juste ?

La finesse c’est simplement le rapport entre la descente verticale d’un aéronef et la distance parcourue horizontalement. Les premiers parapentes volaient comme une semelle d’acier à vapeur, avec une finesse de 3 ! C’est-à-dire que tous les trois mètres parcourus, le parapente descendait d’un mètre… En 2018, les voiles performantes permettent d’avancer trois fois plus loin, c’est-à-dire une finesse de 10 ! Impensable à l’époque.

Un tout petit peu d’historique

Du parachute dans la pente, et voilà, le « para-pente » était né !

Loin de moi l’idée de refaire ici un autre historique de l’évolution du matériel de parapente. La littérature est déjà bien fournie (voir liens ci-dessous, ou « La folle histoire du parapente » de Xavier Murillo). Malgré tout, il est nécessaire de se situer dans le contexte. Nous sommes dans les années 70 lorsqu’un certain Steve Snyder utilise pour la première fois le terme de « paraplane » pour la commercialisation de la première voile à caissons (« paraplane » est toujours utilisé aujourd’hui en anglais pour désigner le paramoteur). Quelques années plus tard, les Français Jean-Claude Bétemps et André Bohn signent avec succès les premiers vols de pente en parachute (en opposition au saut en parachute depuis un avion). Du parachute dans la pente, et voilà, le « para-pente » était né !
Depuis, les évolutions techniques sont spectaculaires !

Mais, quelles sont les différences principales entre une voile de 1971 et de 2018 ?

Le tissu

Le tissu, résistant, léger et non poreux, est maintenant enduit d’une résine afin de lui apporter une certaine étanchéité à l’air. Cela permet notamment de gonfler facilement la voile afin de lui donner sa forme d’aile qui lui permet d’obtenir la portance indispensable au vol ! Les membranes internes de la voile sont aussi de plus en plus élaborées et nombreuses, afin de conserver la forme idéale de la voile en toutes conditions.

Les suspentes

Les suspentes, plus solides (donc moins nombreuses, et qui induisent donc moins de trainée), ont une meilleure résistance au ragage et une élongation minimum. Il faut cependant parfois « recaler » l’aile de temps en temps lors d’un contrôle, en raccourcissant certaines suspentes qui se sont légèrement allongées.

Le nombre de caissons

Le nombre de caissons ! De 9 en 1988 nous passons à 101* aujourd’hui ! (Et même davantage sur certains prototypes ?!) Cette caractéristique semble être celle qui a le plus évolué. D’une part, les nouveaux matériaux plus légers autorisent cet ajout de caissons et d’autre part le nombre de caissons accru engendre un gain en « solidité » malgré l’augmentation de l’allongement de l’aile. L’image ci-dessous illustre bien cette évolution, entre les énormes caissons de la Randonneuse jusqu’aux minuscules caissons de la voile Ozone Enzo !

Randonneuse 9 caissons de 1988 / Voile Ozone Enzo à 101 caissons !!!

La sécurité passive

Les voiles homologuées pour les débutants sont désormais beaucoup plus permissives par rapport aux erreurs de pilotage des apprentis parapentistes. Leur géométrie (l’allongement en particulier) offre un niveau de sérénité exceptionnel pour les premiers grands vols (la première centaine ?). Malgré tout, les performances ont aussi largement progressé. Il est courant d’entendre dire que le matériel débutant d’aujourd’hui dépasse les performances des voiles de « l’époque ».

Pour résumer ces quelques points : davantage de tissu, mais plus léger, moins de suspentes, mais plus résistantes, beaucoup plus de caissons, mais pas plus de poids, et une sécurité passive grandement améliorée, sur toute l’étendue des modèles.

*La randonneuse de 1988 possédait 8 ou 9 caissons selon les sources. En 2018, la voile Enzo 3 d’Ozone se targue de dépasser la centaine, avec 101 caissons !

Sources et liens pour aller plus loin :

http://www.sautparachute.com/lhistoire-du-parapente/

http://aeronature.com/le-parapente/le-materiel-de-vol-en-parapente/

http://www.envol-parapente.com/histoire-du-parapente-marseille-stage-toulon-aix-en-provence-vol-libre-ffvl/

http://www.air-leman.com/historique

http://paraglideworldwide.blogspot.com/2016/12/the-future-of-paraglider-design-100.html

Images utilisées :

Licence de documentation libre GNU

http://vollibre.wikia.com/wiki/Fichier:Randonneuse_9_caissons.jpg

http://biggovtsucks.blogspot.com/2012/01/pwc-superfinal-valle-de-bravo.html